L'écologie, un frein au développement du tourisme

Le tourisme mondial se porte bien et nombre de spécialistes voient dans cette activité l'un des moteurs de l'économie planétaire des prochaines années. Pourtant, un grain de sable pourrait enrayer la belle machine en 2006 : des protecteurs de l'environnement veulent limiter les déplacements en avion, car ils sont une source importante de pollution au CO2.
Dans son rapport annuel, rendu public le 24 janvier à Madrid, l'Organisation mondiale du tourisme, qui dépend de l'ONU, a annoncé que 2005 a été une bonne année pour le tourisme. En dépit d'une série d'événements tragiques, tels que le tsunami qui a ravagé l'Asie du Sud-Est en décembre 2004 et détruit les installations touristiques de la région ou les ouragans qui ont balayé les Caraïbes et la Louisiane.

Parmi les régions concernées par cette embellie, l'Afrique est en bonne place. "Bien qu'étant, avec le Moyen-Orient, le continent le moins visité du monde, l'Afrique, avec 10 % de hausse, est le seul a avoir augmenté de façon significative le nombre de ses visiteurs entre 2004 et 2005", souligne le quotidien sud-africain Cape Times. On note tout particulièrement que le Kenya est le grand gagnant, avec une hausse de 26 % du nombre de touristes, suivi des pays du Maghreb, surtout le Maroc et la Tunisie, et enfin de l'Afrique du Sud – qui, dès le mois d'août dernier, avait annoncé une hausse de 11 %.

"Les réserves animalières du Kenya seront en 2006 parmi les dix endroits les plus visités au monde", rapporte le quotidien de Nairobi The Nation, qui cite Frommer, l'un des organismes de voyages les plus réputés du Royaume-Uni. Selon un sondage, en effet, "les réserves du Kenya, Goa en Inde, la Californie, la Tasmanie et Hawaii sont les destinations qui font le plus rêver les touristes britanniques". Fait corroboré par l'Office du tourisme du Kenya : "Après sept ans de chute du nombre de touristes à cause de la peur du terrorisme, la situation s'est beaucoup améliorée."

Si l'Organisation mondiale du tourisme se réjouit des bons résultats obtenus en 2005, il pourrait cependant y avoir bientôt un retour de bâton. En effet, "de plus en plus d'objecteurs de conscience écologiques refusent de prendre l'avion, et ce mouvement pourrait bien marquer le début du reflux du tourisme bon marché", avance The Guardian. "J'ai réalisé que tous mes efforts pour rester écolo, recycler mes déchets, isoler ma maison, ne pas rouler en 4 x 4, seraient complètement balayés par quelques jours de vacances en avion", explique par exemple Michael Gibson, de Manchester, cité par le quotidien. Et ce Britannique est loin de représenter un cas isolé : "Soudainement et spontanément, un nombre croissant de voyageurs ont décidé d'abandonner ou au moins de réduire le nombre de leurs week-ends en Europe et de leurs vacances au soleil, devenus si communs avec les compagnies aériennes à bas prix", constate le quotidien britannique.

Parmi les arguments contre les voyages en avion, The Guardian note qu'"un vol aller-retour en Floride produit autant de dioxyde de carbone qu'une voiture en un an. En allant en avion de Londres à Edimbourg, on génère 193 kilos de CO2, huit fois plus qu'en train."

Le mois prochain, une pétition pour limiter les déplacements en avion va être lancée à l'initiative de Flight Pledge, qui veut récolter sur son site internet suffisamment de signatures pour faire pression sur l'Union européenne afin qu'elle augmente les taxes sur le carburant des avions. L'objectif est de faire grimper le prix des billets pour faire baisser le nombre de voyageurs. "Greenpeace, les Amis de la Terre et l'association Transports 2000 se joignent à cette manifestation", note le quotidien britannique The Independent. "Nous ne savons pas encore combien de personnes ont adopté l'idée de réduire leurs déplacements en avion, mais une chose est sûre, 2006 va être l'année où ce phénomène va émerger", pronostique enfin The Guardian.
Source : courrierinternational.com  Par : Anne Collet