Maroc: Au Conseil de gouvernement - des ministres à la barre du bilan

Un Conseil de gouvernement aux allures de bilan ce jeudi 17 mai et qui préfigure, déjà, d'une fin de mandat pour l'Exécutif de Jettou aux commandes depuis 2002. A quatre mois des élections législatives, l'équipe gouvernementale est déjà dans l'exercice du pré-bilan, annonciateur d'une campagne électorale qui ne manquera pas de susciter l'attention de l'opinion publique.
Ce jeudi, en conseil, c'est le ministre de l'Agriculture d'abord qui fera un premier bilan de la campagne agricole pour la saison 2007. La production céréalière a ainsi atteint 20,5 millions de quintaux, soit une baisse de 77% par rapport à la saison précédente. Le département aux destinées duquel préside Mohand Laenser a également enregistré une augmentation de 5% des primeurs et de 14% pour les agrumes. La politique d'aide aux agriculteurs pour affronter l'impact de la sécheresse sera renforcée. De manière générale, affirmera le ministre, et malgré les effets de sécheresse, la valeur ajoutée du secteur de l'agriculture garde des proportions acceptables.
Adil Douiri, le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, passera à son tour à la barre pour plaider sa cause de 10 millions de touristes à l'horizon 2010. Les projets vont dans ce sens bon train. 214.000 lits sont en préparation pour accueillir la barre fatidique des 10 millions de visiteurs. Douiri qui faisait le bilan des assises du tourisme tenues à Fès en avril dernier, est amateur de bons chiffres. Le secteur du tourisme va représenter 9% du PIB, a-t-il annoncé à ses pairs tout en appelant à une activation plus soutenue des chantiers ouverts en matière de tourisme intérieur, du programme Azur et autre Biladi.
Cette année, dira fièrement A. Douiri, 6,5 millions de touristes ont visité le Maroc soit une hausse de 12% par rapport à 2005 alors que les entrées en la matière se sont élevées à 53 milliards de dh, soit une augmentation de 6 milliards de dollars. Les points noirs de notre tourisme à nous, notamment la cherté de l'aérien et la capacité hôtelière pointés lors des assises nationales précédentes sont à l'évidence traités. Ce qui est pour rassurer le ministre qui a fait le pari des 10 millions de touristes. A n'importe quel prix?
Tanger-Med et son extension qui sera fin prêt en 2012 était également au menu du conseil de gouvernement. Karim Ghellab informera ses collègues de l'avancement des travaux de ce port méditerranéen qui accueillera son tout premier bateau et container en juillet prochain. Les infrastructures routières et ferroviaires accompagnant ce complexe portuaire suivent leur cours tandis que le second port acueillera quant à lui, 5 millions d'unités et son coût s'élève à 14 milliards de dh. Le ministre du Transport et de l'Equipement l'affirme haut et fort : avec sa capacité d'accueil de 8,5 millions d'unités, ce complexe portuaire est le plus grand de l'espace méditerranéen et de l'Océan Atlantique. Autant dire que sa construction appartient presque aux travaux d'Hercule.
Lors de son point de presse hebdomadaire donné au sortir du conseil de gouvernement, le porte-parole de l'Exécutif, Nabil Benabdallah, apprendra aux journalistes, au détour d'une question posée, que «le Maroc est disposé à entamer des négociations directes au sujet de l'autonomie du Sahara quand et où le décidera le secrétaire général des Nations unies». Dès lors les visites préalables entamées dans la région par le représentant personnel du SG de l'ONU semblent presque caduques
Source : Libération  Par : Narjis Rerhaye

Darija La langue courante, celle qu’on parle avec aisance

Le mot appartient à la même racine que le verbe drej dont le sens premier est s’avancer péniblement, progressivement, pas à pas, par étapes, cheminer à pas mesurés, passer tranquillement.
Drej triqo, il s’en est allé faire un tour. Drej ! File d’ici ! Ouach maderjetchi qoddamek Yasmine ? Tu n’as pas vu Yasmine passer devant toi ? Makatekhrej ou makatedrej ! Elle ne sort jamais de chez elle ! Drej veut dire aussi marcher harmonieusement, avec coquetterie et même en se dandinant comme un pigeon ; danser en se trémoussant sur place ; marcher à pas menus mais vite, c’est à dire, pour une bête de somme, bien marcher ; ou encore tournoyer sur soi-même comme une toupie, tournailler partout quand on est turbulent, ou, plus paisiblement, aller faire un petit tour pour se dégourdir les jambes.
A la forme composée, derrej, c’est faire avancer progressivement, un à un, ou en faisant rouler sur le sol, pousser un élève ou un pion au jeu de dames, faire défiler un par un, distribuer,  faire circuler (du thé ou des gâteaux) de proche en proche. A Marrakech, moins paisiblement, le siyyaf derrej lflan raso, le bourreau a fait rouler la tête du condamné sur le sol, la lui a tranchée. C’est aussi ranger bien en ordre, en disposant les objets côte à côte. Derrej, c’est encore débiter rapidement un texte. Derrej loraq, c’est feuilleter les pages d’un livre. Derrej, c’est compter soigneusement les billets d’une liasse. Derrej le7sab, c’est refaire le compte pour vérifier le total. Quitte à se plaindre : derrejni fel7sab f3achra derryal, il m’a roulé de dix ryals en comptant ! Plus récemment, quand on dit "  derrej a khouya ! ", c’est inviter son interlocuteur à être clair, ou même à parler en darija.
En architecture, derj désigne une moulure saillante qui donne en coupe un angle droit. Draj menchar, ce sont les zigzag. Derj ou ktef, c’est un entrelacs d’angles droits et de quarts de cercle. En musique, derj est la cinquième phase rythmique d’une nouba à quatre temps. Et derj delklam, c’est une cheville dans le discours, un élément qui n’est pas nécessaire mais qui revient souvent, sur lequel on prend appui.
Derja, c’est l’encoche mais surtout une marche d’escalier ou un barreau d’échelle grâce auquel on s’élève derja bderja, progressivement, ou bettedrij, graduellement. Droj, ce sont les escaliers, ou une série d’encoches disposées verticalement. Derja, c’est aussi une courte promenade ou encore l’allure harmonieuse d’une monture au pas.
Daraja, c’est le rang, la dignité qu’on obtient auprès d’un haut personnage, ou qu’un saint obtient auprès de Dieu. Drek daraja 3alya, il a obtenu des fonctions élevées. Llah i3alli darajtek ! Que Dieu élève ton rang ! L-akher daraja veut dire au dernier degré.
Derraja était à Marrakech une toute petite écuelle de terre cuite dans laquelle tourne l’extrémité de l’axe du fuseau. Les femmes l’utilisaient en récupérant les petites coupelles de fard rouge.
Les données ci-dessus sont tirées du Dictionnaire Colin d’Arabe Dialectal Marocain, sous la direction de Zakia Iraqui Sinaceur, ed. Al Manahil, 1993.
 
Source : lejournal-hebdo.com

Darija le vrai débat

La visibilité de plus en plus grande de la darija dans le paysage urbain et médiatique est-elle l’indice d’une réconciliation des Marocains avec eux-mêmes ?
Image Témoigne-t-elle d’une revendication d’une identité aux composantes multiples ? Une Darija envisagée sans complexe est source d’énergies créatives. Cette langue, qui a beaucoup évolué au cours du XXème siècle, n’est-elle pas le  principal véhicule de notre patrimoine culturel ?
La darija n’est plus seulement la langue du peuple. Elle est revendiquée partout et par tout le monde. A commencer par la nouvelle scène musicale, celle des Bigg, Darga et Hoba Hoba Spirit. Pour les représentants de cette nouvelle vague, la darija s’impose tout naturellement. «On s’adresse à un public marocain. C’est donc tout naturellement que l’on écrit nos paroles en darija. Les jeunes Marocains ne maîtrisent pas l’arabe classique, ni le français et l’anglais d’ailleurs. La darija, c’est notre langue de communication», explique Nabyl, membre de la formation de fusion Darga. Même son de cloche chez toute cette jeunesse qui chante le Maroc dans tous ses états en utilisant la “langue de la rue”. Le phénomène ne se limite pas à cette “new wave” made in Morocco. La presse aussi s’adresse de plus en plus à son public en utilisant la darija. Les chaînes de radio, surtout privées, ont senti le filon et réservent une place de choix à cette langue. “Radio Casa FM” doit son succès aux “talkshows” de ses animateurs vedettes qui utilisent exclusivement la darija comme outil de communication avec leurs auditeurs. Des sites Internet communiquent les informations en darija et proposent même des dicos darija-français comme sur marocdarija.com ou sur d’autres sites comme casafree.com, tikchbila.com ou bladi.net. L’échange de SMS par téléphone portable a également favorisé une plus grande communication en marocain en caractères latins et a lancé l’utilisation des chiffres 3, 7 et 9 pour des lettres arabes sans équivalent dans l’alphabet latin. Une utilisation aujourd’hui généralisée. Idem pour l’outil  Internet “messenger” qui permet aux jeunes de communiquer en darija, en trouvant spontanément des solutions à la question, jamais fixée officiellement, de la notation. Plus encore, une simple recherche sur le site de partage de vidéos “Dailymotion.com” montre l’étendue du phénomène darija. On y retrouve des films “dubbed” en darija comme Matrix, Mr Bean, un Jacky Chan s’exprimant en marocain et des films hindous, bien sûr en darija.
Le phénomène a pris tellement d’ampleur que des colloques spécialisés se sont penchés sur la place de la darija dans la société marocaine. Le mois dernier, des chercheurs venus de France, d’Algérie, du Liban et du Maroc et l’association EAC L’Boulvart se sont penchés sur le thème “Langues et musiques, pratiques urbaines plurielles”. Histoire de décrypter ce phénomène qu’est la darija.
La darija est donc plus visible, revendiquée partout. Une question se pose alors. Est-ce que le phénomène est si nouveau que ça ? Et de quelle darija parlons-nous ?
Simon Lévy, linguiste et directeur du Musée du judaïsme marocain, juge que cette situation n’est nullement nouvelle. Il nous rappelle à juste titre que la création artistique a été faite en darija pendant plusieurs siècles. «Le zajal, le malhoun, ce sont des expressions artistiques qui se sont toujours faites en darija», explique M. Lévy. Zhor Rehihil, conservatrice au même musée, ajoute que, «depuis le XIème siècle, les juifs écrivaient en judéo-marocain. On a des textes rédigés par des rabbins qui sont des descriptions de la vie politique, religieuse, économique des communautés de Rabat, Fès… Ce sont des textes en darija écrits en caractères hébraïques». Quant à l’histoire récente, elle témoigne d’une présence assez fournie de la darija. La création théâtrale, par exemple, a puisé dans le registre du malhoun pour présenter un art dramatique dans une darija colorée et sophistiquée. Ahmed Tayeb Laâlej et Tayeb Saddiki ont présenté des pièces à succès d’ailleurs, tout en darija. Idem pour les chantres de ce qu’on nomme la “chanson marocaine moderne” qui ont prêté leur voix à des textes en langue marocaine, à l’image d’un Mohamed Hayani, Mohamed Fouiteh ou Abdelwahab Doukkali. Les années 1970, avec les Nass Ghiwane, Jil Jilala et Lemchaheb, en continuité de la création théâtrale, vont chanter le malhoun notamment, donc en darija. Une certaine presse satirique des années 1980, à l’image d’“Akhbar Souk”, publiera articles et caricatures en darija. Dans le registre de la langue, il y a donc eu continuité linguistique au niveau de la création artistique.
Qu’est-ce qui fait alors la différence entre tous ces créateurs d’antan et les H-Kayne, Bigg et compagnie d’aujourd’hui ? Tout porte à croire que la rupture est plus dans le volet contestataire de cette jeunesse urbaine que dans la langue. D’ailleurs, nos jeunes branchés n’hésitent pas à s’inscrire dans l’héritage direct des tenants marocains de la “protest song”, et à leur tête les Nass El Ghiwane.

Revendication d’une identité plurielle
Ce qui a changé ? C’est qu’aujourd’hui les Marocains assument la totalité des composantes de leur culture et revendiquent une identité plurielle.ImageA commencer par la pluralité linguistique. Depuis plusieurs années, le tamazight s’est vu reconnaître une place, malgré les lenteurs : il est enseigné dans le primaire et un institut de recherche spécialisé, l’Institut royal de la culture Amazighe (IRCAM), a été créé. D’un autre côté, on s’intéresse de plus en plus à la part juive de la culture marocaine. Le Musée du Judaïsme marocain de Casablanca, fondé en 1977, joue un rôle important dans ce sens.
Par ailleurs, et c’est le plus important, on est sortis des idéologies en vigueur durant la période de l’Indépendance, héritées du mouvement nationaliste. Celui-ci avait pris pour référence la Nahda égyptienne du début du XXème siècle (Mohammed Abdou et Jamaleddine El Afghani) et prônait le recours à une langue arabe modernisée, afin de s’opposer à la langue du colonisateurs français et, sur le plan interne, de lutter contre des structures archaïques (comme les zaouia la domination des chorfa, des grands Caïds, etc.).  Il proposait donc une modernité monolithique qui rejetait la pluralité comme un risque de dispersion. Par la suite, il y a eu une crispation sur l’arabisme en réaction à la politique de Hassan II qui jouait sur la diversité, notamment pour rallier les milieux ruraux au makhzen.
Aujourd’hui, avec la fin des idéologies, le français n’est plus considéré comme une langue transitoire dont il faudrait se débarrasser : il s’est au contraire imposé comme une langue indispensable pour les études et le travail. L’anglais aussi, d’ailleurs, dans une moindre mesure. Quant au rapport entre darija et arabe classique, il s’est décomplexé. On ne considère plus darija comme une langue par défaut, symbole d’analphabétisme et d’arriération, qui devrait être remplacée par une langue idéale, l’arabe classique modernisé. Il faut rappeler qu’en 1963, Mohammed El-Fassi, recteur de la Faculté des Lettres de Rabat, proposait d’élaborer des «glossaires pratiques du type… dites, ne dites pas… destinés à faciliter le passage de l’arabe marocain à l’arabe classique»… Et surtout, on la considère de plus en plus comme une langue, ce dont les linguistes étaient du reste convaincus depuis longtemps. Simon Lévy, lui, estime qu’«opposer une langue et un dialecte est, d’un point de vue linguistique, une absurdité. Tout ce qui forme système et se parle est une langue». Les variations régionales, même grandes, sont aussi le fait de toutes les langues. Les niveaux d’expression, quotidien, de la rue ou littéraire, aussi.
Certes le Maroc a tardé à reconnaître à sa langue, langue maternelle de la majorité des Marocains et principale langue véhiculaire entre Marocains dont ce n’est pas la langue maternelle, la capacité à véhiculer la modernité. Dominique Caubet relève qu’«il a fallu attendre 2002, pour que “TelQuel” titre à la une “Darija, langue nationale”». Le terme de maghribiya, pour désigner la darija marocaine, ne s’est imposé qu’il y a un an, dans les mouvements proches de la nouvelle scène. Et surtout, insiste-t-elle : «C’est la société civile qui a imposé cette reconnaissance, rien ne vient des institutions. Mais elle n’a pour l’instant aucun statut ni aucune reconnaissance officielle». Ni comme langue officielle, ni non plus en tant que langue nationale.
Image Mais l’essentiel, c’est que cette diversité linguistique ait été réappropriée. Ce qui se passe aujourd’hui, c’est que les langues en présence coexistent de façon plus pacifique qu’autrefois. Certes, c’est sans doute un statu quo non définitif. Mais ce qui se dégage, c’est le refus d’un modèle jacobin, celui de l’arabisation qui voudrait imposer une langue au détriment des autres. Pour Simon Lévy, il est inconcevable «de remplacer une langue par une autre. Notre vrai système, c’est l’arabe classique, le français et l’arabe dialectal. Ça fait trois pôles. Plus le tamazight pour ceux qui l’ont, mais il est en concurrence avec plus fort que lui. L’enseignement se fera toujours en arabe classique. Chaque langue a son utilité, son domaine : pour l’arabe classique, l’administration et la religion, pour le reste, ce qui est parlé».
Il s’avère donc impossible de prendre pour modèle ce qui s’est passé en Occident à la Renaissance où les langues vernaculaires ont été adoptées comme langues officielles, donc référent juridique, au détriment de la langue savante, en l’occurrence le latin. L’argument religieux (arabe classique langue du Coran) est le plus communément avancé.
Aujourd’hui, le mouvement urbain rend visible une certaine forme de darija, caractéristique de l’évolution de la société marocaine. Dominique Caubet soulignait, dans l’introduction à sa thèse d’Etat, “L’Arabe marocain” (1993), «l’accroissement de la population, le développement des villes et l’exode rural, la diffusion des média (radio, télévision, journaux), l’accession au système scolaire et universitaire, le contact constant avec l’espagnol, le français et l’arabe classique ; l’arabe marocain n’est plus aujourd’hui ce qu’il était il y a ne serait-ce que 50 ans». Jusque dans les années 1950, «un fort morcellement de la société marocaine dont l’unité de base était la tribu, a donné naissance à une pratique des dialectologues qui consistait à décrire des parlers attachés à une tribu particulière, à un groupe de villages, à un quartier d’une ville, en postulant une homogénéité maximum». Ce n’est plus possible, car les gens circulent beaucoup plus, et la langue s’est unifiée, au détriment des vieux parlers, notamment les parlers citadins de Fès, de Rabat, de Salé, de Tétouan… «La koïnè en formation aujourd’hui se caractériserait plutôt comme un dialecte de citadins de fraîche date d’origine rurale». Selon Simon Lévy, c’est la langue urbaine de Casablanca qui s’est imposée à l’ensemble des Marocains, “sauf aux vieux”. Pour Dominique Caubet, ça serait «un parler du Nord (Rabat, Casablanca, Meknès, Fès), différent du parler des vieilles cités, un parler urbain, lancé par des gens instruits». Le parler jeune n’en serait qu’une petite partie. Certes, souligne Dominique Caubet, si les gens cherchent à gommer leurs particularismes régionaux, «ils ont souvent les deux registres : le parler local qui soude les membres de la famille, et un parler plus commun».

Patrimoine en danger
Si la langue s’unifie, le danger est de perdre un patrimoine. D’autant que, même si on a toujours noté par écrit la darija (en des caractères arabes, hébraïques et latins), l’essentiel de la transmission de la culture populaire dans cette langue s’est faite oralement. Les parlers citadins disposaient d’un vocabulaire riche et sophistiqué. La langue des artisans était reconnue pour sa richesse. Les textes anciens, même s’ils ont été consignés par écrit, sont les témoignages d’un état de langue qui n’est plus usité. Le Dictionnaire Colin d’Arabe Dialectal Marocain*, publié de 1993 à 1996, sous la direction de Zakia Iraqui Sinaceur, a mis vingt ans à être édité, à partir du fichier constitué de 1921 à 1977 par Georges Colin. 60 000 fiches au total, une vraie photographie de la civilisation marocaine du XXème siècle, qui en fait miroiter la richesse, à travers les mots, les expressions, les proverbes, l’art culinaire, la musique, les rites, les métiers, les pratiques religieuses, les noms de plantes et d’animaux, la magie, la médecine… Et encore, explique Zakia Iraqui Sinaceur : «Colin voulait normaliser la darija. Son fichier s’intéresse à une koïnè marocaine, une langue commune à Fès, Marrakech, Rabat et Tanger. Il écartait les termes trop régionaux», l’argot, les emprunts trop récents au français, les termes rares… Ainsi, nombre d’idiomatismes, de métaphores et d’images n’ont pas survécu aux mutations de la société marocaine.
ImagePour lutter contre cette perte, qui aboutirait à un appauvrissement irréversible de la darija mais aussi à un sentiment de manque identitaire, son corrolaire logique, l’association Amapatril (Association Marocaine du PATRImoine Linguistique) a été fondée à l’Université Mohammed V de Rabat, pour œuvrer à la conservation du patrimoine linguistique et culturel : elle a déjà recueilli dans sa base de données plus de 15 000 proverbes. Elle travaille également sur les technolectes, c’est-à-dire, explique Dominique Caubet, «le vocabulaire technique affectant aussi bien les techniques traditionnelles que la technologie la plus moderne (mécanique, auto, code de la route), la médecine, la vie politique et administrative, et aujourd’hui les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC)». Il existe aussi des groupes de recherche sur les contes.
L’urgence aujourd’hui est donc d’inclure ce qui constitue notre patrimoine en darija dans l’enseignement, afin de le préserver et de transmettre les valeurs qu’il véhicule. Ce qui revient, selon Kacem Basfao, professeur à la Faculté des Lettres de Aïn Chok à Casablanca, à «dépasser un faux clivage entre une culture savante qui ne s’exprimerait qu’en arabe classique, et une culture populaire en darija». Notre système d’enseignement doit être repensé pour refléter ce phénomène de réappropriation de toutes les composantes de notre identité. A quand une chaire de marocain dans les universités ? A quand des textes de malhoun à l’école ? A quand un enseignement qui fera place à la darija comme lien pédagogique entre la maison et l’école et se servira des similitudes qu’elle présente avec l’arabe classique pour enseigner cette dernière aux enfants, sans dénigrer leur langue maternelle ? A quand, enfin et surtout, un système d’enseignement où, dans le public comme dans le privé, les Marocains auront le même accès à cette pluralité de langues qui les constituent et leur ouvrent les portes de l’avenir ?
Quand nous voyons à quel point ce phénomène de réappropriation des langues est dynamique et libère les énergies créatrices et à quel point les jeunes revendiquent avec fierté leurs langues, nous avons tout à y gagner.
Par Amélie Amilhau,
Jamal Boushaba,
Hicham Houdaïfa
& Kenza Sefrioui
* Ce dictionnaire constitue la source principale, en dehors des témoignages, de la rubrique hebdomadaire «L’Essence des mots»
 
Source : lejournal-hebdo.com

Destination Maroc: accord entre l'ONMT et le BT du Guangdong

L'Office National Marocain du Tourisme (ONMT) et le Bureau du tourisme de la province chinoise du Guangdong ont signé, mardi à Casablanca, un accord destiné à promouvoir la destination Maroc en Chine.

 L'accord a été signé par MM. Abbas Azzouzi, directeur général de l'ONMT, et Zneng Tongyang, directeur général du Bureau du tourisme du Guangdong, en marge du "Forum d'Affaires Maroc-Chine", organisé par la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) et la Direction du Commerce extérieur et de la Coopération économique du Guangdong, en collaboration avec l'Ambassade de Chine à Rabat.

En vertu de cet accord, les deux parties s'engagent à intensifier l'échange de visites entre les agences de voyage et les Tours opérateurs (TO) des deux pays, en vue d'inciter les touristes chinois à venir visiter les villes impériales du Maroc, a affirmé à la MAP, M. Azzouzi.
L'accord prévoit, également, la possibilité de la création d'une ligne aérienne reliant la province du Guangdong aux grandes villes touristiques marocaines, a-t-il ajouté.

En parallèle, deux autres accords ont été signés entre des entreprises marocaines et leurs homologues chinoises opérant dans des secteurs à forte valeur ajoutée, notamment l'import-export, l'industrie du tourisme et l'agroalimentaire.

Intervenant à cette occasion, le ministre des Finances et de la Privatisation, M. Fathallah Oualalou, a appelé les investisseurs (institutionnels et privés) à mettre en valeur les progrès d'envergure réalisés par le Maroc durant ces dernières décennies visant la réalisation d'un développement durable, participatif et intégré, rappelant que le Royaume s'est doté d'infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires qui permettent aux opérateurs internationaux de transporter leurs marchandises vers les marchés du monde entier en un temps record.

Cette grande marche, menée par le Maroc avec succès, se fait parallèlement à d'autres actions qui résident notamment dans la bonne maîtrise des équilibres macro-économiques et une hausse du volume des investissements directs étrangers (IDE).

Pour sa part, l'ambassadeur de Chine au Maroc, M. Gong Yuanxing a invité la délégation chinoise à ériger cette rencontre en un rendez-vous habituel de conception et de montage de partenariats pour booster la coopération économique et commerciale entre les deux pays.

Le diplomate chinois a appelé les hommes d'affaires chinois à mettre à profit les potentialités offertes par les villes marocaines notamment Casablanca, métropole économique où sont installées plusieurs multinationales et qui drainent des investissements de taille.
Source : MAP

Tourisme Laval gruge un demi-million dans ses surplus accumulés

Les surplus accumulés frisant le million de dollars dans les goussets de Tourisme Laval ont fondu de moitié en 2006-2007.
Les dépenses lors du dernier exercice financier ont excédé de 478 584$ les revenus encaissés, a-t-on appris lors de l'assemblée générale annuelle tenue la semaine dernière.


Ce débordement était prévu et dûment planifié, a expliqué le trésorier Régent Watier, qui prévoit d'autres dépassements pour l'année en cours. «On est un OSBL [organisme sans but lucratif]; le but n'est pas de faire des profits», a signifié le grand argentier, soulignant l'excellente santé financière de l'organisation.
Mise en marché
L'année dernière, on a généreusement délié les cordons de la bourse pour investir plus de 2,1 millions de dollars dans la mise en marché de la ville et de ses attraits touristiques, soit 750 000$ de plus que l'année précédente.
La présidente-directrice générale de Tourisme Laval explique que son organisme avait engrangé plus de 900 000$ en vue de parapher des ententes spécifiques avec différents ministères, selon lesquelles le gouvernement aurait doublé la mise de fonds injectée par la région, dans une série de projets visant à accroître la visibilité de Laval. «Un moratoire sur toutes ententes du genre nous a forcés à réviser nos plans», indique Andrée Courteau.

Juste en matière de publicité, Tourisme Laval a doublé la mise précédente en injectant la rondelette somme de 1,2 M$. Rappelons que 2006 a marqué le lancement de la plus importante campagne d'image de l'histoire de la municipalité sous la signature <@Ri>Laval, plein d'affaires à faire<@p>. Une vaste campagne pensée par l'Agence Tonik Communications s'est déclinée en deux messages télévisés, en messages radio, dans Internet, en affichage et en imprimé, valant à Tourisme Laval le prix de la <@Ri>Meilleure publicité télévisée<@p> décernée par la Société des attractions touristiques du Québec.
Postes de dépenses
Dans la colonne des dépenses liées aux activités de mise en marché, le second poste d'importance est le salaire consacré au démarchage avec 353 000$, soit sensiblement la même enveloppe qu'en 2005-2006.
Deux nouveaux postes spécialement créés pour la dernière année ont nécessité des déboursés totalisant 117 000$. De cette somme, 67 000$ ont permis de financer l'accueil de la bourse commerciale Bienvenue Québec, le plus grand rassemblement annuel des professionnels de l'industrie du voyage en groupe par autocar. «Un sondage établissait à 95 % leur taux de satisfaction: on n’avait jamais vu ça!», lance la P.D.G. de Tourisme Laval en félicitant notamment les hôteliers d'avoir accepté de «donner des chambres» à cette occasion. «Ce n'était pas l'événement le plus rentable sur le coup, mais ils vont revenir avec leur tour et leurs groupes», a-t-elle assuré, ce qui pourrait s'avérer un excellent investissement aux retombées incommensurables.

Enfin, Tourisme Laval a débloqué un montant de 50 000$ pour faire la promotion de Cavalia qui, mine de rien, a attiré l'été dernier 162 000 visiteurs en plus de faire rouler les restaurants et de remplir les hôtels.
Faits saillants
Plus de 668 000 touristes, excursionnistes et congressistes ont visité la région l'an dernier, soit une hausse de 17% par rapport à l'année précédente.
On estime que tout ce beau monde a laissé 142 M$ dans l'économie régionale. Incidemment, Laval a consolidé pour une huitième année successive son outrageuse domination au sommet du palmarès des régions touristiques en matière d'occupation hôtelière avec un taux de 65,9%, surpassant la moyenne québécoise de 51,1%.

Autre record à signaler: la valeur médiatique des articles et reportages publiés au cours de la dernière année est évaluée à trois millions de dollars.
Source : courrierlaval.com Par Stéphane St-Amour

Un avion de tourisme porté disparu en Guinée équatoriale

Un petit avion de tourisme privé de type Cessna transportant deux personnes à son bord a disparu jeudi dans la partie continentale de la Guinée équatoriale, a appris l`AFP samedi de source aéronautique dans la capitale équato-guinéenne Malabo.

L`appareil a décollé jeudi après-midi de Mongomo, la ville natale du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema située dans le centre-est du pays, à destination de la capitale économique Bata qu`il devait rallier une demi-heure plus tard, a précisé cette source à l`AFP.

"Jusqu`à aujourd`hui, nous n`avons plus aucune nouvelle de cet appareil et nous craignons le pire", a commenté la même source, précisant que des recherches avaient été lancées pour tenter de retrouver l`avion.

Propriété de la société privée équato-guinéenne General Works, l`avion avait à son bord un pilote et le directeur général de cette société, l`Italien Igor Celotti, qui s`était rendu à Mongomo pour consulter le chef de l`Etat équato-guinéen, selon la même source.

La société General Work, dont une partie des capitaux appartient à la famille du président Obiang Nguema, comprend une branche spécialisée dans le bâtiment et les travaux publics et dispose d`une flotte d`avions et d`hélicoptères.
Source : angolapress-angop.ao

Le tourisme au Maroc en forte croissance

La croissance du tourisme au Maroc reste soutenue (JPEG)
Le secteur du tourisme au Maroc a connu une forte croissance ces dernières années grâce à l’efficacité de la politique touristique du royaume.
 "Le Maroc a beaucoup investi dans le tourisme et ceci ne peut que contribuer au développement de nos parts de marchés et de notre volume d’attractivité", a affirmé François-Xavier De Bouard, président du groupe Selectour Voyages, premier réseau d’agences de voyages indépendant en France, mercredi soir à Marrakech, lors d’une rencontre avec la presse tenue en marge d’un séminaire relatif à la présentation du bilan de l’année et du conseil d’administration de ce réseau.
M. De Bouard a mis l’accent sur la stabilité politique du Royaume, ses paysages magnifiques et sa proximité culturelle avec la France, qui sont autant de facteurs importants qui attirent les touristes de l’hexagone pour venir y séjourner. Le Maroc est la destination la plus répétitive des clients de Selectour, qui propose annuellement des séjours au Maroc à près de 55.000 touristes français, a-t-il souligné. Il a indiqué également que la ville de Marrakech constitue la première destination de l’offre Maroc, notant que les projets qui sont en cours de réalisation, dans le cadre de la vision 2010, feront en sorte d’élargir l’éventail des choix offerts à la clientèle française.
Synthèse de Mourad
D’après MAP